Monday, April 16, 2012

THERE'S NO DIRECTION HOME



BOB, où m'emmènes-tu? J'aimerais avoir ton sourire incisif, tes intonations chantantes, ton regard, à la fois vide et intense, comme possédé. Et alors j'enfilerai tes bottes et emporterai ton harmonica dans une fuite effrénée vers nulle part, qui sera mon chez-moi; nulle part, avec des champs de coton en flammes, des étincelles incandescentes flottant dans la nuit auprès des mythes indiens et de leurs chants entêtants, des flammes à saisir, je les regarde expirer entre mes doigts. Aucune douleur, mes nerfs ne sont que plastique, ils ont déjà fondu d'ailleurs, alors que mes mains, ces grandes araignées s'agitent en quête de la même chaleur, encore et encore. Et ce sera l'aube et il ne restera rien d'autre qu'une étendue calcinée, magnifique dans sa noirceur carbonisée, avec cette odeur de cendres tièdes alors que le soleil darde des rayons rouge écarlate sur la fumée s'élevant lentement de la terre. Le sol crisse sous mes pieds, de petits cris d'agonie s'échappent encore des branches pleines de sève; elle me colle les doigts. Du bout de la langue, le goût m'électrifie la rétine, la rate, un éclair de vie se vengeant sur ce qui, à l'intérieur, est bel et bien mort. Mort, Bob, tu es mort cent fois, je t'ai vu dans ton cercueil, les bras en croix, les yeux grand-ouverts et tournant dans leurs orbites: ils ne s'en tireraient pas comme ça, la terre, tu connais, tu ne les laisserais pas te foutre dessous. Bob, la vie, comment la prendre? Je veux la malmener autant qu'elle m'en fait voir, sortir de l'usine et rejoindre l'incendie, qu'il me brûle.



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