Sunday, November 20, 2011

FLAMES IN MY HAIR, FIRE IN MY CHEST


Et si, on se laissait couler? Quelle importance, de toute façon. On finit tous dans le même état. En boîte. Entouré de plein d'autres boîtes, sous une stèle de marbre, histoire d'être sûr qu'on n'en sorte pas, par erreur, on ne sait jamais, on ne va pas prendre de risques, avec toutes ces choses bizarres qui arrivent, on ne sait jamais. Avec deux trois pauvres roses en plastique ternies par la pluie, salies par la boue, qui s'ajoutent à la misère de l'épitaphe, le plus souvent une sordide phrase poétique, accompagnée d'une colombe arthritique en bronze. Avec un peu de chance, une petite vieille vient dépoussiérer la tombe de temps en temps et se prendre en photo devant sa prochaine demeure, fière du travail accompli.
Deuxième résidence: petite boîte, sur une cheminée ou une commode, voire un buffet, ces meubles tristes qui n'ont pas la moindre utilité et qui sont là à cause de précédentes personnes réduites à l'état de boîte, un héritage. Un buffet, ça pue la mort, ça empeste, la grande-tante morte de syphilis pourrait en sortir pour faire des claquettes et remuer un peu sa vieille carcasse défraîchie. Bref, des meubles délégués aux morts, accompagnés d'une portrait encadré à en faire frémir Martin Parr, le visage aplati par le flash, les yeux rougeoyants, fous on dirait, les joues luisantes et un brillant sourire carnassier, qui reflète beaucoup mieux l'état futur après quelques mois de décomposition que la candeur de la vie. Bienheureux dans leur néant, les corps en conserve ne se doutent de rien, arborant la sérénité de la tâche accomplie. Alors que leur image est dilapidée, ils sont là, immobiles. Silencieux. Enfin tranquilles.

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Le deuil. Se raccrocher à tout ce qui traîne, en espérant garder un peu de l'essence du disparu, penser y trouver du réconfort, mais finir inexorablement avec un goût amer, et salé. La même pensée tourne en boucle. "Tu seras toujours là, et tu pleureras à mon mariage, comme tu l'as fait pour ta fille; parce-que tu as toujours été là, et que tu le seras toujours". On a beau s'y habituer un jour, l'effleurer déclenche inévitablement le serrement de gorge annonciateur du drame. C'est là que l'absence devient tellement évidente. Tant qu'on n'y touche pas, elle va-de-soi. On se rend compte de tout ce que cette mort veut dire, et surtout, que tu ne pleureras pas à mon mariage, comme tu l'as fait pour ta fille, parce-que tu ne seras plus jamais là.


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